Démocra-scie
‘’A nous battre et rebattre les oreilles avec la crise de la démocratie, tous ces prophètes de malheur annoncé vont bien finir par provoquer le grand chambardement’’, lui dit son ami.
‘’Je viens de lire sur les réseaux sociaux, comme on dit, qui deviennent de moins en moins sociaux, une caricature de démonstration qui s’intitulait « Démo-crassie »’’.
S’en suivit entre eux, une confrontation d’idées, d’expériences, de références politico-historiques, où volaient les mots comme théocratie, monarchie, autocratie, et même ploutocratie….
Comment ne pas donner une mauvaise réponse à une bonne question, se demandait Jonathan, en parcourant pensivement le bord de mer.
Que la démocratie ait atteint un point de rupture, trop d’exemples viennent le démontrer pour se cacher la tête dans le sable et faire ‘’comme si’’. Potentats africains, semi dictateurs sud-américains, régime ubuesque russe, dérive turque, tous concourent à une remise en cause. Mais encore plus. En Europe, la terre mère de la démocratie, la Pologne, la Hongrie, les Républiques ex Union Soviétique, font subir à leur régime démocratique les avant-derniers outrages, avant de passer aux derniers.
Que la démocratie autorise, par définition, l’expression anti-démocratique, de source extrême-gauche comme de source extrême-droite, par une naïveté inévitable puisque de principe, il faut bien l’accepter. La France, de ce point de vue, en est le plus parfait exemple. Comme on peut se risquer à penser se dit Jonathan, qu’Israël, indéniable exemple de démocratie dans un océan de théocratie régional, ternit son régime par une dérive nationalo-religieuse.
Que le décalquage du modèle de démocratie occidentale dans des pays culturellement, économiquement différents, aboutisse aux plus extrêmes catastrophes, les exemples s’accumulent. Moyen-Orient, Afrique, Amérique du Sud…
Mais, pas de désespérance songea Jonathan.
Il existe d’autres voies, quelques contre-exemples.
La Suisse, avec sa tradition du référendum. Non seulement elle sait ainsi associer ses ressortissants aux choix de société, mais elle sait optimiser sa gestion économique, sociale, sa sécurité.
Cet autre petit pays, le Costa Rica, qui non seulement a constitutionnellement supprimé son armée mais en donnant priorité à l’éducation, à la santé, à l’environnement, réussit à se positionner à la première place de l’index Happy Planet, et comme le pays le plus égalitaire d’Amérique Latine.
Et si la solution à cette crise ne pouvait pas se situer quelque part dans ces parages ?
Quitter l’exploration du champ institutionnel par retour aux sources. Le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple.
Laisser les joies du débat sans fin au personnel politique, recréer une démocratie de terrain.
Jonathan se dit qu’il allait se laisser tenter par un nouveau bouquin au titre titillant, ‘’Et si les maires gouvernaient le monde ?’’
On a bien dit ‘’une fourmi de quatre mètre, ça n’existe pas, ça n’existe pas….et, pourquoi pas ?’’