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juillet 2015 – Identiscope – Claude Meillet
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Mois : juillet 2015

‘’Wieviel Stück ?’’

‘’Combien de pièces ?’’, demandait l’officier SS pour vérifier le nombre de femmes, d’enfants, d’hommes, qui étaient entassés dans les wagons du train qui allait emporter Primo Levy vers Auschwitz.
Jonathan, qui relisait ‘’Si c’est un homme’’, interrompit sa lecture. Terrassé. Terrassé non seulement par  le caractère incommensurable, hors de toute compréhension humaine de l’univers mental révélé par cette expression. Mais aussi par une certitude soudaine. Sans aller à cette dimension extrême de l’extrême, les particularités des modes d’expression sont le plus souvent révélatrices des différences fondamentales de compréhension.
Dans ‘’un grand journal du soir’’ français, il venait justement de tomber sur un article de bas de page, intitulé ’’Palestine : Israël bombarde la bande de Gaza en riposte à un tir de roquette’’, reprenant une dépêche Reuters. Alléché par ce qui lui apparaissait comme une information équilibrée, il parcouru l’article qui soudainement se terminait : ‘’le porte-parole de l’armée israélienne a justifié la frappe aérienne par le fait que les tirs de roquettes récurrents dénotent ‘’une volonté délibérée de viser les civils’’. Il avait reçu la mise en italique et entre guillemets comme une gifle. Comme un mode d’expression de suspicion, révélateur d’une grille de lecture prédéterminée. Des civils, vraiment ? ‘’Wieviel Israeli civils ?’’ disait, en fait, l’article.
Comment un esprit occidental, aussi affuté soit-il, peut-il pénétrer l’esprit d’un Ayatollah iranien ? Comment un vieux routier de la politique européenne, habitant permanent des ors, du confort des grandes capitales, transporté, servi, choyé, peut-il simplement soupçonner ce que représente dans la vie pratique d’une mère de famille grecque l’austérité supplémentaire qu’il vient de lui imposer.
L’hermétisme des univers mentaux peut aussi apparaître dangereusement proche. Il se remémora la discussion épique opposant deux de ses meilleurs amis. L’un, tenant férocement convaincu des ‘’implantations’’ en Judée – Samarie, l’autre, tout autant résolument persuadé de l’existence de ‘’colonies’’ dans les territoires occupés. Les deux blocs de certitudes se heurtaient comme pouvaient le faire deux blocs de béton armé. L’amitié évitait la brisure mais ne pouvait créer le moindre pont entre deux systèmes de pensée, deux modes sémantiques étrangers l’un à l’autre.
Rien ne peut être comparé au caractère insondable du psychisme de l’officier nazi, mais comme on a parlé de la banalité du mal, Jonathan s’interrogea sur la banalité de l’incommunicabilité. Est-elle aujourd’hui pire qu’elle n’a jamais été, se demanda Jonathan ?
Probablement que oui. Le monde virtuel que crée l’usage cumulatif des smartphones, tablettes, ordinateurs, jeux électroniques, comme le matraquage médiatique, le règne des images,  éloigne plus que jamais les unes des autres les réalités concrètes de vie  d’un rural et d’un citadin, d’un sénior et d’un adolescent, d’un universitaire et d’un ouvrier, et d’un palestinien et d’un israélien.
Probablement que non. Ce monde virtuel creuse les différences, mais il universalise par ailleurs. On connait mieux maintenant ce qu’on ignorait auparavant. La monstruosité existe toujours mais elle est moins ignorée…..

Le mieux, se dit-il, est d’éviter le pire.

Tsunami

Renifleur de sites web, auditeur de conférences, zappeur d’émissions, journaux et reportages de chaines télévisées, lecteur de journaux, de magazines, écouteur de radios, participant aux multiples discussions et débats amicaux, Jonathan voyait bien se succéder les vagues du changement.
La transformation digitale, d’abord. Pas nouveaux, se disait-il. Sauf que cette vague digitale ne se contente plus de s’étaler et d’envahir tous les secteurs d’activité. Elle s’accélère. Il se souvenait de cette règle historiquement constatée, du doublement de la capacité de traitement  des ordinateurs tous les dix ans. Mais, lisa t-il, maintenant la quantité de problèmes résolus  double tous les sept ans. Ce qui touche les trois milliards d’individus connectés à internet et les deux milliards qui utilisent des smartphones. Mais, bien entendu leurs congénères, encore à équiper, tout autant. Vague digitale amplifiée par l’envahissement de ‘’l’intelligence artificielle’’. Additionnée du phénomène ‘’big data’’. On sait tout sur tout, et on retrouve tout dans tout. Et tout se transforme. Les métiers, les acteurs, les utilisateurs d’un nouveau monde.
Vague de l’innovation biologique, aussi. La ‘’nanotecno’’, comme le lui avait écrit en langue SMS un ado branché techno, un tantinet provoc, colonise pour sa part le monde de la recherche, du médical, pousse sa révolution dans tous les domaines scientifiques et techniques. Du transport ciblé du médicament à la cellule maligne, à la composition de nouveaux matériaux, des registres entiers de processus se trouvent réinventés, supprimant d’anciennes et créant de nouvelles filières.
Le tout porté par le phénomène d’irrigation mondiale qui réunit les continents, les générations, les modes de vie. Nul n’y échappe. Surtout pas les Israéliens, que se représentait bien Jonathan, comme les ‘’savantutiers’’ tels que décrits par le biologiste Français, François Taddéï. Un phénomène que la morale, aussi bien que l’efficacité devrait exploiter l’Etat, comme une opportunité  de développement des minorités et de lissage des inégalités.

En fait, se disait-il, un tsunami. Un Gutenberg puissance 10 ou 100. Qui touche d’abord la génération Y. Qui l’oblige, en Israël comme ailleurs, à assurer la transition entre le monde des métiers bien définis, du contrat de travail, des secteurs d’activité, de la connaissance acquise, des us et coutumes, de l’ancrage familial, des joies de la lecture, et son monde à elle, du rebondissement de métier à métier, de travail à la carte, de l’interpénétration des secteurs d’activité, de la formation permanente, de la rencontre des traditions, du règne de l’image et de la lecture numérisée, de la famille étendue…..
Il avait le sentiment qu’Israël, pays neuf, jeune, innovateur, entrepreneur, surfait déjà sur la crête de ce tsunami, installant les ‘’Y’’ dans une position plutôt favorable. Alors que des pays anciens, non pas noyés mais débordés par son ampleur, en étaient encore à se mettre en ordre de bataille, plaçant leurs propres ‘’Y’’ en situation d’hypothèque.
Il se demandait quand même si cette génération ‘’Y’’ israélienne, saurait encore trouver dans ses racines très anciennes comme dans les fondements de la création de l’Etat, les principes intemporels qui assureront la stabilité humaine nécessaire dans un monde de mouvement perpétuel.
Israël, le peuple qui marche sur un tsunami ? se demanda-t-il.

Les EX

Sans le vouloir, Jonathan, assis devant son café ‘’arore’’, et parcourant son journal à la terrasse d’un des cafés bondés de Dizengoff, partageait la conversation très animée et très sonore de trois amies d’âge respectable,  installées sur une table, juste à côté de la sienne. Sans le vouloir, il eut droit aux confidences rigolardes et parfois légèrement vachardes sur leurs trois ‘’ex’’.
Cette prise de connaissance, imposée et clandestine, le renvoya sur ce fait nouveau de la société occidentale. Un peu partout la majorité des mariages se terminent par un divorce. Quel changement, sociologique d’abord, aux conséquences sans doute mal connues surtout sur les enfants, social ensuite, et économique ! Il s’amusa tout de même à imaginer des manifestations, des défilés à pancartes, et pourquoi pas, la journée des ‘’Ex’’, ou encore une Fédération internationale des Ex.
Pour s’évader de cette conversation voisine et invasive, il poursuivit dans la même veine. Par exemple, il était de plus en plus frappé par une autre catégorie d’Ex, celle des grands hommes. ‘’Mais où sont les neiges d’antan ?’’ écrivait François Villon. Le monde contemporain a, lui, vu disparaître la race des grands hommes politiques. Clémenceau, Churchill, De Gaulle, Roosevelt, Staline dans son genre, peut-être servis par la dramatisation de l’histoire, avaient néanmoins su marquer la société du sceau de leur personnalité hors norme. Le pape Jean-Paul II peut-être, Nelson Mandela incontestablement, avaient imposé un respect universel. Mais maintenant. L’espérance Obama s’est flétrit, Poutine a l’allure d’un boxeur pois moyen et le seul homme européen visible est Angela Merkel qui ne se révèle pas à proprement parler un leader enthousiasment.
Transposée sur Israël, cette réflexion ne portait pas Jonathan à penser qu’aucun des successeurs de Ben Gourion avait su ou pu se hisser au niveau de ce grand petit homme.

Mais sans chercher l’extraordinaire chez les Ex, dans la vie courante, d’autres Ex pouvaient être regrettés. Ou sont les notables d’antan ? L’instituteur français, le médecin de famille, figures reconnues dans un temps où le savoir comptait plus que le pouvoir ? Passés à la trappe de la modernisation et de la marchandisation.
Et qu’en est-il de ces champions d’antan, ces autres Ex, qui pour des nèfles et dans des conditions d’une rusticité inimaginable aujourd’hui, manifestaient par leurs performances ce qu’on peut appeler de l’amour du sport se disait Jonathan. Remplacés par les grandes messes, le spectacle télévisuel, la starification, l’inondation de la Phinance chère au Père Ubu, par un univers d’amphétamine, de corticoïdes et autres joyeusetés.

La liste ‘’Ex’’ pouvait toujours se décliner. Dans quelles neiges d’antan se sont perdus l’orthographe et l’écriture par exemple ? En français avec certitude, en hébreu probablement, le pourcentage de ceux capables d’écrire une page, lisiblement, avec moins de cinq fautes d’orthographe ou de grammaire, se situe lui, à moins de cinquante pour cent. Jonathan se souvint de cette petite histoire, celle de ces parents voulant choisir un cadeau d’anniversaire à leur fils, le père suggérant ’’peut-être un  livre’’ ? La mère répondant ‘’il en a déjà un’’. Qui lit un livre par mois ? …..

Soudainement, Jonathan sortit de ce parcours des Ex, provoqué par la conversation volée.
Les Ex relèvent en fait du rêve nostalgique d’une société évanouie, se dit-il. La société actuelle a sa propre grammaire, ses codes ni plus mauvais, ni meilleurs que celles qui l’ont précédé. L’instituteur, le médecin, le sportif légendaire, ont fait place aux cours à distance, au spécialiste médical, à l’athlète ultime. L’orthographe, l’écriture ont intégré l’univers dominat, celui d’internet.
Il n’y a que le vide de grands hommes. Là, Jonathan ne pouvait s’empêcher de regretter ‘’les neiges d’antan’’. Particulièrement ici, en terre d’ Israël, dans ce Moyen Orient compliqué, en si grand besoin d’élan, de vision, de courage et de volonté.

Quand aux Ex de ces dames, il se demanda s’il ne pouvait pas leur proposer une solution de remplacement.