Où ?………….
L’accumulation des interrogations générées par la société israélienne détournaient Jonathan de la question du ‘’qui suis-je’’ pour la question du ‘’où suis-je’’.
La généralisation des affrontements binaires, tout d’abord.
La droite dure contre la gauche molle, par exemple. C’est ainsi qu’elles se décrivaient gentiment réciproquement. La pénétration, apparemment grandissante, du religieux dans le monde civile, ensuite. Influence sans doute rendue plus sensible par la place donnée dans le nouveau gouvernement, aux partis et aux hommes aux certitudes certainement forgées par leur engagement religieux plus que par l’analyse socio-économique. Les racistes contre les antiracistes, également. La radicalité des appellations traduisait d’ailleurs bien la radicalité des positions. Foin de nuances, sur un sujet qui mériterait pourtant un peu de prudence .La situation dans la société des immigrants de toutes conditions, en particulier, demande sans doute plus de rationalité que d’émotion, plus de règles et de principes que d’anathèmes ou de pétitions. Et puis la relation aux minorités. Définis comme citoyens israéliens à plein droit, et qui se ressentent effectivement citoyens israéliens, mais citoyens de seconde zone. Sans compter l’affrontement historique classique, Ashkénazes/Sépharades, qui, lui disait-on, compte encore, de façon plus ou moins visible. Enfin, le plus commenté, le plus marquant dans la vie sociale, économique en Israël, l’accroissement constant de l’écart entre riches et pauvres. Reconnu ou nié, le déséquilibre apparaît de plus en plus comme la menace de fracture la plus immédiate.
L’écart abyssal entre la vie économique, technologique, spirituelle, artistique de la société israélienne et sa vie politique, ensuite.
D’un côté, une ‘’start-up nation’’, une créativité traversant tous les secteurs, un dynamisme généralisé qui ne se limite pas à la ville qui ne dort jamais, Tel Aviv, mais qui se manifeste dans les kibboutz, les villes du nord, du centre et du sud, une jeunesse qui se bat et qui ose. De l’autre, le vide intellectuel, un spectacle affligeant de valse de portefeuilles rythmée par les compromis et les ambitions, l’intérêt public mis aux oubliettes, l’absence de souffle, de vision, d’initiatives, le délitement démocratique.
Enfin, la confrontation entre l’idéal et la réalité. Le questionnement qui fait mal.
Où ? Où sont donc passés ces principes qui avaient présidés à la création de l’Etat d’Israël ? Solidarité, égalité, moralité, audace, volonté de vie, respect de tous….Ces principes qui ont permis le démarrage du pays, et qui ont participés à sa notoriété. Le temps, le réalisme, les contraintes, ont normalement fait leur œuvre. Tous se sont affaiblit, sont parfois passés second. Jonathan le comprenait d’autant mieux qu’il en sentait encore la présence, sous-jacente, dans la société. Mais comment cette société a-t-elle pu se laisser gangréner à ce point par la corruption ? Depuis une mafia israélienne qui a gagné une réputation mondiale, jusqu’aux scandales à répétition qui secouent à tous les niveaux, local, régional, national, les responsables de tout bord et de tout acabit.
Et cependant. Cet Israël rêvé, il le rencontrait quotidiennement. Des constructions, immeubles, routes, équipements, partout. Une agriculture florissante gagnée sur des terres arides depuis des siècles. Des campus universitaires magnifiques, une santé économique de fer, une force militaire redoutée, une inventivité explosive.
Où suis-je, réellement, se demanda- t-il, ouvrant, songeur son quotidien favori.
Pour voir en première page, le nom de ce responsable le plus fréquemment cité, nom qui se termine par….’’ou’’.