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Mois : septembre 2019

Vérité

C’était parti d’une divergence d’opinions.
‘’Je voudrai bien que l’économie française soit aussi mal portante que l’économie allemande’’ avait rétorqué le prof d’histoire, avec véhémence, quand la jeune étudiante avait ironisé effrontément sur ‘’le hoquet final du fameux modèle teuton’’.
Sur quoi avait rebondi avec gourmandise le vétéran de la troupe, sage parmi les sages, engoncé dans son fauteuil, déclarant que toute vérité dépend de celui qui l’énonce et que le mieux était de se référer à Gabin, chantant en toute gravité ‘’Je sais, je sais que je ne sais rien’’.
Faisant exploser d’indignation le nouvel arrivant russe, tout comme son gros ventre faisait exploser ses boutons de chemise et son accent faisait rouler les ‘’R’’, ‘’Pourtant, la vérité, elle existe, nom d’une pipe !’’.

Jonathan entendit alors, avec intérêt et quelque surprise, le toujours réservé agent de banque lancer un définitif ‘’C’est l’ère du bullshit’’. Qui continua avec férocité. Les tonnes de fausses nouvelles charriées par les fameux réseaux sociaux, les tweets hallucinants d’un président du plus grand Etat du monde, le mensonge institué en règle de l’univers politique…. Les faits, on s’en fiche. Ce qui ‘’paye’’, c’est l’impression produite. Tout ceci favorisé, amplifié par l’appétit vorace, constant, des médias pour ‘’l’info’’, quelle qu’elle soit.
S’inscrivant dans ce courant vindicatif, la belle coiffeuse, toute en rondeur et en blondeur, fit franchir un palier à la discussion. Une de ses clientes lui avait expliquée, la tête couronnée de bigoudis, que le danger nouveau de notre société était la mise en cause de LA vérité. Sous prétexte que la dictature impose une vérité unique, se développait la conviction que la démocratie libérait de la contrainte de la vérité, ouvrait le champ de vérités possibles. Les plausibles deviennent vrais.
Le voisin de Jonathan, probablement stimulé par la tournure radicaliste prise par cette évaluation collective, ajouta à son tour une pierre à l’édifice. Un maxi-culte de l’ignorance est en train de s’enraciner. Les données et le savoir ne conduisent plus à la vérité. Les raisons de cette remise en cause ? Les allers et retours de la connaissance. Le vin est alternativement désigné comme bon puis mauvais pour le cœur. Le capitalisme passe de toutes les louanges à toutes les opprobres.
Sans permettre au débat de souffler un peu, la prof de yoga, confortée dans ses convictions  professionnelles, s’en prit à son ennemi personnel. Le marketing institutionnalise  le brossage dans le sens du poil. Le Père Noël n’existe pas, mais on l’exploite avec bonheur. On ne croit pas à la pub non plus, mais on la suit. Les hommes politiques deviennent des produits de consommation. Plus encore. On se protège de la vérité. ‘’Fumer tue’’ clament sur leur packaging les paquets de cigarettes. Et on tire allègrement sur son mégot.
La rafale se poursuivit. Le mensonge est accepté. La quête effrénée du bonheur pousse encore le bouchon plus loin. News = bad news. Donc on tronque l’information. Le point quasi ultime, pour ne pas dire parfait est atteint. C’est la théorie du complot. Le fameux premier pas sur la lune est une vaste escroquerie. La conquête de l’espace est, ‘’en réalité’’, un énorme, hyper sophistiqué montage audiovisuel. La CIA, le Mossad ou dieu sait qui, ont orchestré l’effondrement des tours new-yorkaises.
Jonathan se souvint de Nietzsche, Le contraire de la vérité n’est pas le mensonge, mais la conviction’’.

Il se souvint aussi de la pensée, non moins philosophique, de Coluche, Je suis ni pour ni contre, bien  au contraire.
Puis, lui aussi pris dans le tourbillon, il en vint à Hanna Arendt, se souciant de l’incapacité des gens à distinguer les faits de la fiction. Donc de cette incapacité à penser, qui ouvre la voie à la règle totalitariste.
Penser, arguer, justifier, douter, se dit-il, probablement la seule manière d’éviter ce que l’ami banquier avait, en introduction, nommé spontanément, le bullshit.

Election, piège à…..raison

La politique est, vraiment, magique !
En écoutant son amie lui expliquer, depuis Paris, toutes les subtilités des élections israéliennes en cours, il se dit qu’elle faisait voir les aveugles. Alors que sur place, le méli-mélo de la campagne le rendait lui, non-voyant.
Afin de faire percer chez elle une lueur de compréhension, et par la même occasion d’éclairer sa propre analyse, il lui fit une proposition a priori honnête. S’efforcer de décortiquer pour elle, sans passion, objectivement, rationnellement, la situation. En précisant que la magie particulière de la politique israélienne n’avait fait avec la campagne bis que du copier-coller de la première, heureusement en plus court.

La forme d’abord. Important partout, certes. Mais plus encore ici. Dans une région et dans un pays où la forme déforme allègrement.
Premier des paramètres, l’hyper personnalisation. Menée de main de maître par l’artiste du procédé, le Premier Ministre. Faisant de la politique, du pur Shakespeare. To be Bibi or to not be Bibi. Fascinant suffisamment ses opposants pour qu’ils le suivent sur ce terrain. Où, à tout coup, sa popularité, son pouvoir, sa maestria politicarde, le donnaient gagnant. Sinon….que le piège s’est refermé sur lui-même. Car, incertitude montante de la victoire, rapprochement inéluctable de la sanction juridique, le maître a progressivement perdu son sang-froid, et s’est soudain révélé fébrile, affolé, livré à tout et son contraire.
Second facteur, la foire d’empoigne. ‘’Pas original. Israël n’a pas l’exclusivité’’ l’interrompit la chère amie. Pas déstabilisé pour autant, Jonathan confirma. Le monde politique israélien sait transformer en art véritablement spécifique un phénomène effectivement général. La gauche comme la droite, les extrêmes comme le centre, tous ont arrosé de tirs plus ou moins vicieux leurs ennemis comme leurs supposés amis. Rendant des électeurs plus motivés qu’il n’y paraissait, plus éberlués qu’ils ne l’avaient jamais été.

‘’Bon, mais sur le fond, tout de même ?
Mis sur le gril par sa toujours charmante amie, Jonathan se lança.
L’étalage d’une formidable hypocrisie, tout d’abord. Ce fut à qui se distancierai le plus judicieusement du diable que constitue la minorité arabe israélienne. Diable que la majorité juive revendique dans les temps ordinaires comme bon dieu, fait de citoyens pleins et entiers. Hypocrisie révélatrice d’un formidable décalage entre un univers politique exclusif et une réalité v quotidienne beaucoup plus inclusive.
La mise à nue de la dichotomie séculaires/religieux.  Pour laquelle, aussi sulfureux que soit le personnage politique, le bien nommé cher homme Lieberman, la démocratie israélienne doit être reconnaissante. Son opposition, réitérée, à l’alliance avec les partis extrêmes religieux, a permis probablement un assainissement vital du système institutionnel et politique du pays.
Trou noir de débats pourtant primordiaux, sur le retournement économique et financier en cours, sur l’aggravation des inégalités sociales,  sur les dérives du système éducatif, sur le rétrécissement culturel, sur la rupture de l’équilibre justice/pouvoir. Trou noir des débats sur l’environnement, le climat, l’urbanisation…

Absence, soigneusement entretenue, de clarification sur la situation palestino/israélienne. Mort de la solution des deux Etats ? Caractère mortifère de la solution d’un seul et même Etat ? Négociations, statut quo ? Manque absolu, partagé, d’audace, d’imagination. Sur un facteur d’infection morale, psychique, pratique, de la société israélienne.

‘’Sur le fond comme sur la forme, tu me confirmes, reprit son amie, plus aussi charmante. Israël, c’est très mal parti.’’
Remarque qui offrit à Jonathan, un brin peut-être trop triomphant, l’occasion d’un final régénérateur. En fait, cette élection à double détente risque d’offrir au pays une double opportunité. Reprendre le récit d’une magnifique aventure, s’inscrivant dans les pas d’un idéal sioniste, s’efforçant contre aléas, vents et marées, de construire une réalité conforme aux idéaux originels. Amener une classe politique à s’inspirer d’une réalité de terrain, inventive, ouverte, animée par un courant vital, celui de la vie.
‘’Amen’’, ne put s’empêcher de conclure sa toujours vigilante amie.

Dégagisme

C’est la vie, se dit intérieurement Jonathan. Le neuf pousse l’ancien dehors. Les jeunes mettent les vieux au placard. En voyant la multitude des pancartes ‘’Dégage’’ flotter au-dessus de la marée des manifestants lors du ‘’Printemps arabe’’, il se réjouissait de voir la vie retrouvée, irriguant subitement  des sociétés figées, bloquées depuis tant et tant d’années mortes.
L’irruption surprise de cette force vitale a effectivement bouté hors de leurs palais quelques dictateurs trop bien repus. Même si l’espoir de changement politique s’est depuis rabougri.
Mais l’impulsion donnée ne fut pas que médiatique. Elle symbolisait un mouvement naturel, généralisé, de changement d’époque. ‘’Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés’’, dit Jean de La Fontaine dans ‘’Les animaux malades de la peste’’.
Toute la société subit peu ou prou, la règle du dégagisme.

A commencer , « of course », comme disent les Britanniques, orfèvres en la matière, par le paysage politique. Et comme il faut toujours s’y attendre dans ce domaine, plutôt pour le pire que pour le meilleur. A peine sa rivale aoutée, un ineffable premier ministre de Sa Majesté, tignasse blonde en désordre, cravate de travers, s’évertue à tordre le cou de la plus vieille démocratie du monde. Tandis qu’à l’autre bout de la Méditerranée, un vieillissant inamovible premier ministre israélien multiple désespérément les coups d’estoc, populiste, nationaliste, raciste, théocratique, pour sauver une tête menacée. Et que dans le maillon dominateur de l’Europe, la forte Allemagne, l’extrême-droite ressurgit d’un passé effroyable, pas si passé que ça, en profitant d’une faiblesse soudaine des partis démocratiques.
C’est bien dans le secteur mixte du politico-économique, que le plus grand triomphe du dégagisme s’est imposé au monde. La chute du Mur de Berlin a sonné la grande fin du régime communiste. Un effondrement qui a amené l’historien Francis Fukuyama à publier un article annonçant carrément ‘’la fin de l’histoire’’. Non sans raison, admettait Jonathan, plongé dans son recensement. Le monde bipolaire disparaissait, du coup. Sauf que….. Sauf que le capitalisme, vainqueur par Ko, à son tour, quelques trente années plus tard, se voit en ligne de mire de l’infatigable dégagisme. Victime de ses excès. Trop d’inégalité, trop de mondialisation, trop de dollardisation…..Les gilets jaunes français relèvent les pancartes tombées des mains des peuples arabes.
Il avait l’impression que c’était le XXI e siècle tout entier, qui jetait au XXe siècle, l’interjection, ‘’dégage’’. Débarrasse le plancher, vieux siècle. Laisse nous nous occuper de ce que tu n’as pas su traiter. A commencer par le climat. Pleinement. De toute urgence. Contre l’avis de ce représentant d’un monde ancien, dernier des Mohicans, président tout de même de la première puissance mondiale, climatosceptique envers et contre tous. Laisse nous développer une société réellement écologiste. Laisse nous nous appuyer sur ce qui relève pour toi de l’amusement, mais qui, pour nous devient lien de culture, de partage, de confrontation pacifiste et d’échange. Le sport, la musique.
Il lui semblait aussi que l’enthousiasme du dégagisme, tout libérateur qu’il soit, portait en lui-même une autre injonction. Que cet enthousiasme faisait oublier aux porteurs de pancartes. L’obligation  de combler le vide qu’ils voulaient provoquer. Jules Renard disait que l’oiseau en cage ne sait pas qu’il ne sait pas voler. Et le philosophe, que l’oiseau qui croit pouvoir mieux voler dans le vide, ne ferait que tomber comme une pierre.
Le dégagisme, pour triompher, doit aussi devenir libérateur de créativité. Dégager ne vaut que par construire. Construire une forme d’éducation qui fait comprendre le nouveau monde, qui mêle compétition et coopération, qui ouvre et égalise. Construire un mode d’utilisation des réseaux sociaux qui se ferme à la haine et au mensonge, qui s’ouvre au vrai et à la morale. Construire le monde nouveau que le tsunami digital génère, à coup d’intelligence artificielle, d’objets connectés, d’invasion de start-ups plus inventives les unes que les autres, d’applications tous azimuts. Construire un type de pilotage régulant le phénomène irréversible de l’hyper médiatisation, permettant de le rendre plus enrichissant qu’abêtisant.

Le dégagisme, loi de vie. Après son petit tour de la question, Jonathan en était définitivement convaincu. Conforté dans son opinion par celle de Nietsche. ‘’La croyance que rien ne change provient soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat’’.
Combattre le passé pour corriger le futur, ça lui allait pas mal.

Arab minorities a chance for Israel

Minorities in Israel

The existence of ethnic minorities in a country is quite a common thing worldwide. The particularism in Israel is linked to its historical and regional context, to its religious dimension, and to the Israeli-Palestinian conflict.

Historically, the ancestral presence of Jews and Arabs on the current Israel land, the recent creation of the Israeli State, combine to create an oppositional situation between both ethnies. This situation is all the more amphasazied, that Israel is regionally isolated amongst Arab countries.

The religious difference creates an additional factor of opposition in Israel. Although Islam on side and Judaïsm on the other are historically sisters, the two religions are also historically in confrontation. This conflictual situation has been empowered by the the implantation of a Jewish State in an Islamic local and regional environment.

The serial of wars between the surrounding Arab countries and Israel, extended by the ever lasting Israeli-Palestinian conflict, create an ambiguous position both for Arab minorities and Jewish mmajority within the Israeli nation. Arab minorities are confronted to a dual appartenance, Arab  and Israeli ones, Jewish majority is confronted to full acceptance  or differenciation of those minorities.

To those factors, is first added the internal differences within the global Israeli minority. Beside the most important israeli Arab community, the Druze and Beduin communities,  the Circassian population, although equally Arabic ethnic,  present specificities with particular relations with Israel State.

The pure dimensional side is in itself another peculiar element, since minorty represents 20% of israel population.