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Mois : mars 2019

Paix, principes, programmes

Ils sont venus, ils étaient tous là. Mais, pardon Aznavour, il ne s’agissait pas cette fois, de saluer une dernière fois la Mamma. Le thème de leur réunion, proposé par un des habitués de leur troupe, insidieusement provocateur «Élection, piège à c… », avait eu au moins le mérite de témoigner d’un intérêt général pour la chose.

Il est vrai que les élections israéliennes s’approchaient rapidement. Que la férocité de la bataille, le niveau bas de la ceinture des attaques personnalisées réciproques, le lourd parfum de la corruption qui s’y était infiltré, la radicalisation de l’affrontement à Gaza, faisaient grimper allègrement la fièvre émotionnelle. Et les faisant ainsi déroger à la règle encadrant leurs réunions hebdomadaires, on ne parle ni de religion, ni de politique. Jonathan espérait seulement que le débat inévitable, ne finirait pas comme dans le fameux dessin sur l’affaire Dreyfus, avec une table dévastée et la légende «ils en ont parlé».
Le respect des traditions et des bonnes habitudes aidant, tout commença, «as usual», par le choix des boissons. Puis par l’accueil blagueur des retardataires, eux aussi habituels. Puis par l’installation en rond de cercle des futurs belligérants. La séance pouvait commencer. L’initiateur thématique, barbe noir corbeau en avant et sourcils broussailleux, introduisit le sujet avec la flamme que tous lui connaissaient. C’est trop important, pour la nation, nos enfants, période cruciale pour le pays, autour du pays, le devoir de participer, l’unité, les dangers, les opportunités, …il dressa le cadre. Terminant sur une recommandation honnête : on s’écoute pendant, on boit un coup après !

Un premier intervenant reprit la balle au bond, pour déclarer sa confiance, et même toute sa flamme dit-il pour Bibi, énumérant une litanie argumentaire qu’il estima modestement imparable. Provoquant l’intervention du second, qui niant le caractère imparable revendiqué, lui opposa un contre-argumentaire tout aussi fourni, en faveur du camp Bleu Blanc. Déclenchant à son tour, avant qu’il termine complètement, la verve contradictoire d’une fougueuse cinquantenaire…. Et, bien entendu, la mécanique s’enclencha. Le bel ordonnancement, l’écoute, la retenue, s’évanouirent très vite. Les affrontements d’opinions tranchées de personne à personne, alternaient et se superposaient avec les discussions générales sur un sujet mobilisateur. L’ironie, les mises en boîte, permettaient de garder une dimension amicale à ce qui ressemblait de plus en plus à une sympathique foire d’expression de passions et de positions idéologiques solidement tenues.
Poussé à s’exprimer, Jonathan choisi alors de proposer une grille d’évaluation des oppositions politiques. Introduisant leur dit-il, un peu de rationnel dans un océan d’émotionnel. Esquivant les quolibets, il évoqua la démarche des 3 P. L’effet de surprise lui donna le temps d’exposer sa proposition.

Le premier P pour Paix. Les deux camps, Droite et Centre, ont des titres à offrir la garantie de savoir gagner les guerres. Dans le contexte de danger permanent qu’Israël affronte, l’important n’est donc pas de choisir qui gagnera le mieux la guerre, mais qui gagnera mieux la paix. Qui est le plus susceptible d’interrompre le cycle sans fin des guerres, et de gagner la paix ?

Le second P pour Principes. Etre juif et être israélien appelle le double respect de principes. Les principes moraux, auxquels notre histoire, notre culture, nos traditions obligent. Les principes initiaux du sionisme, que probablement les évolutions du pays ont fait en partie oublier, mais qui nourrissent la dimension identitaire d’Israël. Qui, quel camp, quel leader, sont le plus susceptible de défendre ces principes ?

Le dernier P pour Programme. Quels sont les programmes des forces politiques candidates ? Les hommes importent, mais plus encore importe le projet dont ils sont porteurs, qui nous concernent, nous directement, le futur de nos enfants. Etudier, peser les programmes permet en particulier d’évacuer le poids trop grand du jugement, forcement partisan, sur les personnes. Quels sont les programmes et lesquels répondent le mieux aux défis qui attendent le pays ?

Sa proposition fut accueillie d’abord dans le silence, puis dans un début d’approbation, puis dans un premier essai de réponse collective au premier P défini. La paix. Une opinion s’exprima, une autre reprit la réflexion à sa conclusion pour l’infléchir, une troisième pour la contester…et le débat reprit son rythme, sa fougue, ses interruptions, ses blagues, ses quelques cris.
La démarche des 3 P ne coula pas. Elle flotta sur les vagues déferlantes des échanges, disparaissant, réapparaissant, dans les reprises de souffle, les accélérations, les temps morts. Pour redevenir reine quand les verres se levèrent, à la gloire éternelle des 3 P.

Mr Netanyahu, I feel ashamed

I received recently a direct message to me, from you.
I don’t know you personnaly.
I suppose that my name is part of a file used to win votes in next election.
As the trend is now to use marketing method to individualize politic argumentation.
But, as politics is a community matter, I prefer to share my reaction to your personnal message with my fellow citizens. This is it : I feel ashamed

I feel ashamed in the name of Israel democracy. Yes, Israel is a democratic state. But your political action is more and more distorting it. Probably more for electoralist alliances than for intimate conviction, you bring this democracy close to the autorative, populist democracies which are flourishing in the East European states.

I feel ashamed, in the name of the minorities in Israel. You confirmed clearly in your last declaration that the status you assigned to those minorities is different from the status of Israeli Jews. This difference being based upon difference of religious appartenance, is in itself a negation of the basic humanity principle : all men are equal, out of religion, gender, colour and condition.

I feel ashamed in front of the hypocrisy, consisting in declaring the minorities populations being citizens of the state, together with declaring that this country is only for the Jews. I feel ashamed when arabic language is downgraded to a second class national language.

I feel ashamed in the name of Zionism. Theodore Hertzl defined Israel as a state for the Jews and not a Jewish state. David Ben Gurion confirmed the creation of the Israel as a secular state, assigning Jewish religion to its natural individual role, out of the political field, and introducing faithfulness to Judaism through some traditional signs, as Shabbat, in the public life. The last national law is a treachery regarding the original principles linked to Zionsm.

I feel ashamed in the name of secularism.  When, for electoralist reason, you introduce the more extremist and racist religious party as the next Likoud partner, you re-enforce the deviation that makes religion and religious parties impulsing the main tendancies and orientations of the main governemental decisions.
Giving the education minister to a responsible of a religious party, found its conclusion when introducing a religious approach into a national secular system.

I feel ashamed in the name of justice. As a French-Israeli citizen, I have a deep respect for the independance, the power, of the Israeli Justice and Police authorities and systems. This makes me me all the more ashamed when I see the Minister of Justice attacking them, trying to downgrade the Supreme Court power, distorting the balance between juridic and legislativ power. When I see yourself, criticizing judges and police officers in your personal case, as you should be, by function, their first defender.

I feel ashamed in the name of ethics. I know, through personnal experience in France and in Algeria, that an occupation army becomes automatically unrespectful of moral laws. I know the complexity of the Israeli-Palestinian conflict. But I know that letting rot the actual situation, conducts inevitably to make Israel being infected by immorality. Immorality through indifference and through action.
I know that illegal immigration is a difficult and a delicate question to treat. But I know that the lack of humanity and the lack of rationality are conducting a country to the worst.
I am ashamed to see Israel democracy being downgraded by loss of ethic obligations.
I know that illegal immigration is a difficult and a delicate question to treat. But I know that the lack of humanity and the lack of rationality are conducting a country to the worst.
I am ashamed to see Israel democracy being downgraded by loss of ethic obligations.

I am ashamed in the name of equality. You probably know better than me, that Israel is at the lowest level of economical equality amongst worldwide nations. In spite of a booming economy and technological development. Which indicates that the social and économical repartition is and becoming each year more inequal.
This inequality is all the more striking that it touches essentially childhood.

I hope now that the next election will help to stop all those  derivatives of Israeli society,  re introduces in the political life of the country, real democracy, respect of minorities, fidelity to Zionism principles, application of secularism, defence of justice, return to ethics, re conquest for equality and make me feel again proud to be Israeli/French.

With all respect,
Jonathan

Jonathan is the writer name for an Israeli/French citizen, living in israel for 6 years.

Donner du sens

Au-delà de l’étincelle initiale qui a fait éclater la colère de ceux qui se sont parés du gilet jaune pour la manifester, la taxe écologique sur le carburant, une addition de frustrations s’est vite révélée nourrir cette explosion.
Pouvoir d’achat, sentiment d’abandon, éloignement des décisions, distorsion sociale, excès de privilèges, injustice territoriale, mondialisation menaçante…..se sont amalgamés dans le désordre et, très vite, la démesure. Et, exploités par les extrémismes de tout bord, ouvrant au pire, la violence, le le renversement constitutionnel.
Mais, au-delà de l’au-delà, l’explosion a trouvé sa source dans le vide fondamental actuel de la société française, le manque de sens de la vie nationale.

Des causes universelles participent à la perte du sens commun donné à la vie de tous

Mais, au-delà de l’au-delà, l’explosion a trouvé sa source dans le vide fondamental actuel de la société française, le manque de sens de la vie nationale.
L’effondrement de l’idéal rêvé qu’a été le communisme, son corolaire le triomphe du capitalisme qui l’a poussé à des dérives d’injustice insupportables, la mondialisation dans ses effets d’uniformisation, la médiatisation et son pouvoir de distorsion, l’absence assourdissante de système de pensée du monde moderne.
Des causes nationales ajoutent au grand désarroi.
En politique, la désagrégation d’une offre ‘’de gauche’’. En France, comme partout en occident, veuve du grand parrain qu’a été le communisme, incapable de se réinventer, la gauche s’est diluée dans une ‘’sociale-démocratie’’ rosâtre, inodore. La ‘’droite’’ classique n’offre rien de plus entraînant, engluée dans des luttes de pouvoir qui anihilent une vraie réflexion d’ensemble. Aux extrêmes, des sectes idéologiques opposées se rejoignent dans une contestation globale qui ne fait que creuser le doute et la colère. Les multiples fractures sociales amplifient la vacuité du jeu politique. Urbanisation à marche forcée et fragilisation du tissu rurale, ghettoïsation de quartiers de banlieues, radicalisation d’une minorité musulmane, déficit d’intégration de l’immigration.

Le grand débat lancé par le président de la République répond à la demande multiple réclamée par le mouvement des gilets jaunes

De cette démarche totalement innovante peut surgir, si le processus d’analyse et de synthèse qui va l’exploiter sait être solide, transparent, créatif, un ensemble systémique de réponses cohérent, fondateur, suffisamment rassembleur.
Cette capacité de rassemblement deviendra réellement fondatrice si le nouveau système politique, économique, social proposé, s’explicite selon un sens ontologique, clairement nommé, unique, motivant, différenciateur.

Autrement dit, au-delà d’un ensemble ordonné de réponses, le système devra être porté par une redéfinition identitaire française.

Anti-antisémitisme

Comme on l’a bien vu, dans le développement des gilets jaunes, la révolte sociale est porteuse de l’expression et de l’amplification d’un antisémitisme larvé sous ses différentes formes. Il serait donc important d’accompagner l’ensemble des mesures sociales, économiques, financières, politiques, qui sortiront du grand débat, d’un volet spécifique de traitement de ce phénomène.

Quand ça va mal, c’est la faute aux juifs. Depuis plus de 2000 ans, c’est comme ça.

Il n’est donc pas absolument étonnant que la protestation  des gilets jaunes comporte sa part de déclarations, actions plus ou moins violentes antisémites, dans la mesure où elle traduit un mal-être profond et relativement général. L’augmentation exponentielle des actes ouvertement antisémites  actuellement constatée n’intervient pas par pur hasard.

Il n’est pas dans la possibilité immédiate de supprimer au plan national un réflexe universel, atavique, millénaire. Mais  sa remontée en surface offre l’occasion  de s’attaquer dans un premier stade à cette résurgence dangereuse pour une communauté  particulière, qui a peut-être suffisamment donné d’elle-même à la communauté nationale pour être défendue, protégée, valorisée. Et, dans un deuxième stade, d’attaquer offensivement et non plus défensivement le substrat d’antisémitisme, dormant ou proclamé, qui pourri de l’intérieur, même partiellement, la société française. Qui se traduit dans la vie quotidienne, par un réel interdit social. Les signes extérieurs de judéité sont devenus pratiquement impossibles à porter, les enfants juifs ne peuvent plus en beaucoup d’endroits étudier à l’école laïque, qui par ailleurs en beaucoup d’endroits ne peut plus enseigner la Shoah…..

Un pan d’actions nouvelles devrait donc compléter le programme d’ensemble.

Dans un premier temps, un panel d’experts judiciaires, policiers, sociologues, juifs, autorités islamiques, politiques, se réunirait pour évaluer l’arsenal actuel de lutte et d’interdiction de l’antisémitisme et pour définir, autant que le permettent les lois fondamentales de la République, un renforcement de ce dispositif. Pour définir les moyens les plus rapides de sa mise en œuvre, tenu compte des contraintes législatives et juridiques.

Dans un second temps, devrait être mis au point, avec les autorités de l’éducation, les représentants des différents types de média, et les fournisseurs d’internet et de réseaux sociaux, une série de programmes de sensibilisation, d’information sur le judaïsme, son histoire et sa réalité, sur les communautés juives  en France, sur Israël, son histoire et sa réalité, Y compris le conflit israélo-palestinien, ainsi que sur l’antisémitisme, son histoire, ses phantasmes et fantômes, sa réalité.

 Ce programme d’actions spécifiques devait d’une part, être placé sous le cadre de la refondation de l’identité française de ‘’nouvel humanisme’’ et d’autre part, être présenté comme un devoir d’honneur de la communauté nationale.