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L’impasse inégalitaire

Apparemment, tous les chemins y conduisent.
Le point d’alerte avait été cette merveilleuse expression, ‘’le contrat zéro heure’’.
D’autant plus qu’elle s’imbriquait dans un titre lui aussi très alléchant : ‘’Le contrat Zéro heure, une spécificité britannique qui séduit’’.
Ces insulaires, se dit Jonathan, ils n’ont pas seulement inventé l’eau chaude, les voilà qui nous surprennent avec un ‘’zéro heure’’.
Mais, comme souvent avec nos amis d’outre-quiévrain, il vaut mieux regarder les choses de près. ‘’Zéro heure’’, en fait signifie ‘’à l’heure’’. L’entreprise appelle l’employé uniquement quand elle en a besoin et le paye pour les heures effectuées. Et cette fameuse spécificité britannique, si elle séduit l’entreprise qui y trouve toute la flexibilité qu’elle recherche, caractérise tout de même les postes en contrat zéro heure par une précarité de plus en plus envahissante. Avec, en fait de prime, une situation de sous-emploi et d’imprévisibilité permanente pour l’employé.
La découverte de cette ‘’spécificité’’ s’inscrivait dans la mise en relief d’un phénomène clé, relevé dans la bataille électorale britannique, l’inégalité grandissante des revenus dans cette belle ile.
Les riches anglais ont un problème. Ils deviennent de plus en plus riches. Depuis 10 ans, le top 1% s’est enrichi de 100%. C’est vrai, l’économie est en croissance, le chômage a baissé, mais les pauvres sont aussi devenus plus pauvres. Les visites dans les banques alimentaires ont augmentées de 18% en un an.

Justice soit rendue aux sujets de Sa Majesté, tempéra Jonathan.
Ils ne sont pas seuls sur ce point.
L’inégalité prospère partout, constata t- il. Dans les 34 pays de l’OCDE, donc France y compris,  le revenu moyen  des 10% les plus riches est passé depuis 1980 de 7% à 10% plus élevé que le relevé de 10% des moins riches. Il reprit la lecture de ces chiffres trois fois pour finalement comprendre : ça empire.
Et lui revint en mémoire, les autres statistiques, toutes aussi concordantes, qui démontraient qu’en Israël aussi, l’écart inégalitaire se creusait, comme ailleurs, très régulièrement. Et même avec beaucoup de bonne volonté, l’argument spécifiant que la pauvreté se répartissait à parts égales entre les populations religieuses, arabes et séculaires juives, ne le convainquait pas de la relativité du phénomène.

Alors ?
L’hypothèse oligarchique ? Les politiques publiques, partout, privilégient les plus fortunés ?
L’hypothèse de démission populaire ? Les politiques publiques ne font qu’entériner une fatalité que les plus pauvres n’ont pas l’énergie de contester ?
Ou….si le système capitaliste lui-même n’était pas arrivé au bout de sa logique ?
Est-ce que le temps n’est pas venu d’inventer, sinon un nouveau système, au moins une variante ?
Et Israël. Ce pays de l’innovation. Est-ce qu’il ne serait pas, parmi tous les pays, le plus à même, d’offrir à nouveau un système revisité par la recherche de l’égalité ?
Jonathan soupçonna que le constat tournait en rêverie, sur un terrain glissant.
Arrêtons là, se dit-il, principe de précaution.  

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