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Darkenou, recherche pour la paix israélo-palestinienne, Recensement et synthèse des sondages et enquêtes en Israël

Tenter d’objectiver la connaissance de la situation israélo-palestinienne est une façon de s’écarter de ses représentations idéologiques, émotionnelles, partiales et partielles, et de contourner le constat de statu quo du champ politique.
De ce point de vue, les multiples et incessantes vagues de sondages, d’enquêtes sur Israël, sur le conflit israélo-palestinien, fournissent des éclairages sur cette situation et aident à une compréhension équilibrée.
Tout en gardant conscience que la réalité ne se retrouve pas ainsi totalement fidèlement  représentée, on peut cependant trouver là, une autre entrée dans sa complexité et son évolution permanente.
Une entrée qui peut nourrir une démarche nouvelle vers la paix.
 
 
« Exhaustive research on Israeli society », Piew Research Center
 
Cette étude récente, d’octobre 2014 à mai 2015,  très complète,  a actuellement un fort impact, mais comme souvent dans les média de façon caricaturale, ramenée au constat simplifié que 42% des juifs israéliens souhaitaient expulser les arabes israéliens d’Israël. Ce constat à prendre lui-même avec caution, ignore une densité d’informations beaucoup plus forte.
 
Israël, société religieusement divisée

– les Israéliens s’identifient comme laïcs à 40%, traditionnels à 24¨%, religieux à 10%, ultra-orthodoxes à 8%, ¨musulmans à 14%, druzes à 2%, chrétiens à 2%, et divers 1%.
– Une majorité de juifs israéliens considèrent la démocratie compatible avec un Etat juif, hormis les ultra-orthodoxes et les religieux.
Les juifs orthodoxes donnent priorité à la loi juive sur les principes démocratiques, à l’opposé de laïcs, qui attachent par ailleurs leur judéité à l’ascendance et à la culture.

 64% des arabes estiment qu’Israël ne peut pas être à la fois une démocratie et un Etat juif. 80% des musulmans s’estiment discriminés,  contre autant de juifs qui ne voient pas de discrimination.
En même temps, environ la moitié des juifs préfèreraient  que les arabes musulmans quittent Israël.

– Les arabes et juifs israéliens doutent fortement de la volonté des leaders politiques des deux bords dans la recherche de la paix
– Les groupes sont isolés les uns des autres, chacun établissant son cercle d’amis dans son propre groupe.
– Les juifs israéliens se retrouvent dans leur besoin d’un ‘’Jewish homeland’’.
– Le désaccord entre orthodoxes/religieux et traditionnels/laïcs porte sur des issues concrètes telles que conscription, transport, mariage, conversion, , et en particulier sur la discrimination hommes/femmes.
– Politiquement, les juifs identifient leur idéologie au Centre à 55% ? à droite à 37% et à gauche a 8%.

Les arabes sont plus religieux que les juifs en Israël, à 66% contre 30%.
– Les arabes rejoignent avec le temps, à environ 50%,  le scepticisme des juifs sur la possibilité de la solution des deux Etats.
 – Une majorité de juifs, 42%,  pensent que les implantations aident à la sécurité d’Israël, contre 30% qui pensent le contraire.
Les colons sont moins optimistes que les juifs ’’de l’intérieur’’ sur le processus de paix.
– En même temps que la proportion de la population arabe s’accroit, 13% en 1949 à 26% en 2014, la part des juifs orthodoxes grandit elle aussi.
 
Identité en Israël

– 45% des arabes musulmans rattachent leur identité à leur religion (30% la relie à l’ascendance et à la culture), contre 31% pour les arabes chrétiens et 18% pour les druzes.
– Les israéliens arabes, musulmans, chrétiens, druzes, sont aussi fiers que les juifs israéliens de leur appartenance à leur communauté religieuse respective.
– 65% des juifs israéliens estiment que la mémoire de la Shoa est essentiel à leur identité juive, 47% la relie à une éthique de vie, 35% à l’observation de la halakha, 33% au fait de vivre en Israël, 27% à la justice et l’égalité dans la société, 18% au type de nourriture, 16% au sens de la curiosité et 9% à la faculté d’humour.
Ils voient aussi, comme central à leur identité, l’histoire et la tradition,, le souci de la transmission et la force des liens familiaux, l’éducation de leurs enfants et l’usage de l’hébreux.
87% des juifs disent que la croyance en Dieu n’est pas nécessaire pour être juif.
Travailler le Shabbat, critiquer fortement le gouvernement, sont contradictoires du fait d’être juif.
Par comparaison, les musulmans, chrétiens israéliens, disent en majorité qu’il est essentiel d’être croyant.

– 58% des musulmans et 80% des chrétiens disent accepter Israël comme Etat juif, et dans les mêmes proportions, ne supportent pas le droit au retour des réfugiés palestiniens.
La majorité des arabes israéliens musulmans sont sunnites.
16% des musulmans considèrent les druzes comme musulmans.
processus de paix

– 43% des juifs israéliens déclarent possible la coexistence de deux Etats, dont 86% pour la gauche et 29% seulement pour la droite et 46% pour le centre.
Cette solution n’est possible que pour 33% des juifs habitant dans les implantations.

– 50% des arabes israéliens en 2015 pensent possible cette coexistence de deux Etats, en déclin de 80% en 2013.
– 40% des juifs disent que le gouvernement israélien n’est pas sincère dans la recherche de la paix, et à 88% que les leaders palestiniens ne le sont pas non plus (58% pour la gauche).
– 72% des arabes israéliens ne croient pas à la sincérité du gouvernement israélien dans la recherche de la paix (49% pour les druzes), ni à 40% pour les leaders palestiniens.
– L’impact des  implantations sur la sécurité d’Israël est jugé positif pour 42% des juifs israéliens, dont 13% pour la gauche, 62% pour la droite  et 32% pour le centre.
65% des colons sont d’avis positif contre 45% des juifs de l’intérieur.
66% des arabes israéliens le jugent négatif.

– 52% des juifs israéliens estiment que les US ne supportent pas suffisamment Israël, contre 77% des arabes israéliens qui pensent ce support trop important.
 
Education, valeurs et science

– Si le niveau d’éducation des juifs israéliens se répartit  entre 25% inférieur à la High School, 42%  entre high school et college degree, et 33% college degree ou plus, les variations sont considérables entre les laïcs, 45% college degre contre 13% pour les ultra-orthodoxes par exemple.
– Les juifs parlant russes ont un niveau supérieur, 59% college degree, et les ashkenazes sont à 48%  de collège degree mieux diplômés que les sépharades à 13%.
– Les femmes sont au moins aussi bien éduquées que les hommes.
– 16% des arabes disent avoir un niveau college degree, sans différence notable entre musulmans, chrétiens ou druzes.
– Les différents groupes  de la société israélienne placent tous la priorité sur la vie familiale, l’éducation, la responsabilité sociétale et le succès professionnel.
Tous disent important de donner à leurs enfants une éducation laïque.

– 74% des juifs israéliens estiment important de donner aux enfants une éducation religieuse, de 54% des laïcs à 99% pour les ultra-orthodoxes.
La majorité, 94%, des arabes veulent donner à leurs enfants une bonne éducation religieuse.

– 89% des juifs souhaitent une carrière rémunératrice de 92% pour les laïcs à 68% pour les orthodoxes, de même que les arabes 94%.
– L’importance de la famille se situe, toutes catégories ethniques confondues, au plus haut des considérations, 98 à 92%.
– Aider les personnes en situation de besoin est important pour les juifs, 86% et encore plus pour les arabes, 91%.
– L’échelle d’intérêt pour les voyages varie de 16% pour les orthodoxes, à 44% les religieux, 55% mes traditionalistes, 69% les laïcs.
Les musulmans attachent encore plus de valeur au voyage, à 66% et même à 73% pour les jeunes.

– Les juifs comme les arabes israéliens voient un conflit entre la science et la religion.
– 83% des juifs laïcs reconnaissent la théorie de l’évolution, contre 3% pour les orthodoxes, 11% pour les religieux et 35% les traditionnels.
Les arabes ne l’acceptent qu’à 37%
 
 
Peace Index, Février 2016, Dahaf Institute
Etude mensuelle sur les tendances dans l’opinion israélienne sur le conflit israélo-palestinien, les relations entre juifs et arabes en Israël et leur impact sur la société israélienne.

Négociations de paix : juifs, 57% favorables, arabes 96%.
– Chances de succès de négociation entre Israéliens et palestiniens : 79% des juifs n’y croient pas, 62% des arabes y croient.
– 66% des juifs et 73% des arabes craignent que des proches soient touchés par des attaques terroristes.
– Amélioration des conditions économiques à Gaza et libéralisation de la vie des Palestiniens en Cisjordanie conduiraient à une diminution de la vague d’attaques terroristes : 49% des juifs en sont partisans, contre 46% qui n’y croient pas.
56% des arabes y sont favorables.

– 57% des juifs appuieraient un durcissement de la politique vis-à-vis des Palestiniens pour diminuer l’intensité du courent actuel de terreur, 69% des arabes ne seraient pas d’accord.
– Le pourcentage de juifs estimant que la force militaire contre la vague de terreur doit rester sous contrôle ou s’exercer en plein s’équilibre à 47% favorable et 50% défavorable.
Le favorable l’emporte chez les arabes à 46%, contre 29%.

– 74% des juifs sont d’accord sur le fait que les Israéliens sanctifiant la vie contre les palestiniens sanctifiant la mort, la douleur des parents d’enfants palestiniens tués n’est pas comparable à celle de parents d’enfants israéliens victimes de la terreur.
– La façon dont l’IDF opère pour stopper la terreur est jugée morale par 90% des juifs israéliens, à l’opposé des arabes israéliens la jugeant immorale à 83%
– Les critiques de l’étranger sur la conduite actuelle d’Israël dans sa lutte contre la terreur ne sont pas justifiées pour 90% des juifs, et sont justifiées pour 52% des arabes.
– La discrimination en matière de santé, d’éducation et autres services entre Jérusalem Est et Jérusalem Ouest est génératrice du grand nombre d’arabes de Jérusalem Est impliqués dans des attaques terroristes : 57% des juifs sont d’accord, 38% le récusent, 52% des arabes sont d’accord.
 
Peace Index, January 2016

– En dépit de la méfiance de la part du public juif israélien vis-à-vis de Mahmoud Abbas, il existe un souhait majoritaire de continuation du dialogue Ramallah/Jérusalem.
Une majorité de 67% sont pour une rencontre prochaine entre les deux leaders.
– 49% des juifs israéliens supportent la proposition de Isaac Herzog de séparation rapide des palestiniens, avec un mur entre les villages palestiniens et la ville de Jérusalem, contre 44% qui n’y adhèrent pas.
– Une petite majorité de juifs israéliens ne pensent pas qu’Israël applique inégalement la loi entre les juifs et les arabes à Jérusalem, mais cela étant, 50% estiment qu’une application inégale ne serait pas négative.
– 82 % de la population juive israélienne pense que la communauté internationale prend plus en compte la cause palestinienne que celle d’Israël
Une forte majorité arabe israélienne voit peu de chances qu’Israël sous la pression internationale,  cessera son contrôle des territoires. 51 % pensent que si ce contrôle se perpétue sous la même forme qu’actuellement, la communauté internationale  traitera Israël comme un Etat apartheid type Afrique du sud.

– Les juifs israéliens se répartissent également à 45% pour et contre une annexion des territoires occupés.
– 61% cependant, expriment l’opinion que la continuation de l’occupation comporte des dangers et peut poser menace à la sécurité et à l’existence d’Israël.
– 85% de la gauche israélienne pose que l’occupation empêche Israël d’être une vraie démocratie, contre l’opinion majoritaire de la société à 66%.
Les arabes sont eux à 76% de l’avis que l’occupation empêche une démocratie réelle.
 
Seventh Eyes study : Arabs underrepresented in Hebrew media
Study sponsored by the Association for the advancement of civic equality, the Berl Katznelson foundation.

– De janvier à février 2016,  128 arabes sont apparus sur Channel 2, sur un total de 5 528 invités, soit 2,3% du total.
Channel 10 emploie 35 arabes sur 6517 collaborateurs, Israel radio a 155 arabes sur 6405 employés.

– Ce déficit de présence dans les média israéliens conduit les juifs à penser que les arabes ne prennent pas part à la vie de l’Etat, d’autant plus que la télévision est le seul lieu de visibilité des arabes, ne vivant pas, ne se socialisant pas et n’étudiant pas avec les juifs.
– L’apparition des arabes dans les médias est la plupart du temps liée au conflit israélo-palestinien ou au terrorisme.
Elle ne met que très rarement en scène l’autre réalité des arabes médecins ou experts de sujets divers.
 
Poll du 12 au 18 novembre 2015, par le Palestinian Center for public opinion.

– La moitié des Palestiniens pensent que la vague de violence actuelle ouvre la voie à  une troisième intifada contre Israël, à laquelle ils seraient favorables.
– 48% des palestiniens souhaitent  voir le président Mahmoud Abbas quitter le pouvoir.
– 62% sont opposés à une reprise des pourparlers de paix avec Israël.
– 55% ne sont pas satisfait de l’action de Mahmoud Abbas, contre 30% qui en sont satisfait.
 
Social policies studies, Taub Center

– Avant l’accord de 1979 entre Menachem Begin et les partis ultra-orthodoxes d’étendre l’exemption de la population ‘’dont l’étude de la Torah est la profession’’, 84% des ultra-orthodoxes participaient au monde du travail, avec au moins une éducation secondaire.
Ce pourcentage est tombé alors jusqu’à 40% pour se situer maintenant à 50%.

– La pression financière pousse les ultra-orthodoxes  à entrer  dans le marché du travail. Mais quand 60% d’eux ont moins de 20 ans et que 90%  d’entre eux n’ont pas d’éducation ‘’high school’’, leur capacité à trouver un emploi est très limité.
– Avec le déclin du taux d’orthodoxes en mesure d’intégrer le monde du travail, il y a aussi un déclin du niveau d’éducation des orthodoxes masculins.
Les orthodoxes constituent le seul segment de la société israélienne, et peut-être du monde développé, devenu moins éduqué à chaque génération. Les orthodoxes hommes entre 45 et 64 ans ont un niveau de collège, la génération des 25 à 44 ans un niveau moitié moindre.
Seulement 12% qui ont entre 35 et 54 ans ont un équivalent d’une éducation high school, contre 26% en 2002.
Le modèle d’une société  ‘’d’étudiants de la Torah’’ des 35 dernières années est destiné à une fin dramatique.
 
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Ce bilan est forcément limité car incomplet et temporaire.
En l’état, son interprétation devra être débattue, généralement et dans la perspective d’un renforcement des chances de paix.
A titre incitatif, voilà en première approche, une liste des sujets d’interrogation et peut-être d’intervention de Darkenou :
  • droitisation et fractionnement de la société israélienne
  • minorité arabe : visibilité, questionnement sur discrimination,
  • paix : scepticismes, implantations, leaderships
  • prise en compte anticipatrice de l’évolution démographique
  • appui sur la communauté des préoccupations sociétales
  • rôle identitaire et/ou fédérateur de la dimension religieuse
  • renforcement et rééquilibrage du rôle de l’éducation

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