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Où est la Gauche ?

Les choses ne sont jamais aussi simples, aussi binaires, se dit Jonathan.
‘’La gauche française, déclare Michel Rocard, est la plus rétrograde du monde’’
En fait, n’apparaît nulle part une gauche qui soit la plus innovatrice du monde.

Partout, la Droite s’affirme. On peut trouver toute sorte de raisons à ce courant, emportant sa grande majorité d’électeurs. Le capitalisme classique, qui s’avère de fait le pire des régimes à l’exception de tous les autres, l’exploitation des peurs, l’accaparation de la thématique sécuritaire, la rigueur de gestion. Ou, plus noblement, la valorisation de la liberté individuelle, l’efficacité sociétale.
Les temps modernes sont-ils devenus si menaçants, si instables, si individualistes, que le citoyen s’accroche à ce qui, pour lui, ‘’marche’’ le moins mal ?
Ou bien, le communautarisme radicalisé, ou la prévision d’André Malraux, ‘’ce siècle sera religieux ou ne sera pas’’ se réalisant à l’extrême avec le rêve sanglant du retour de l’Islamisme dominateur, dirigent –ils la plus grande partie des votants vers le discours protectionniste le plus dur ?

Peut-être, songea encore Jonathan.
Peut-être le gâchis d’une présidence française de gauche gestionnaire mais sans inspiration ni bravoure, le bazar des affrontements du vestige communiste, du mirage de l’extrême-gauche, du démocrate-socialisme et de ses frondeurs, démonétisent-ils l’idée de gauche, en France bien sûr et par diffusion, à l’internationale également.
Peut-être le discours de Gauche  se révèle-t-il décalé, pas assez clivant, clair, fort, face à une artillerie triomphante.
Mais n’y a-t-il pas une raison plus fondamentale, plus profonde ?
Et puis,’’ mais si, mais c’est bien sur’’.
En réalité, la Gauche n’a plus de discours mobilisateur, convaincant, entraînant, parce qu’elle n’a plus de Pensée.
Le grand vide laissé par la mort du communisme n’a pas été comblé. Nulle part n’a ressurgi une proposition de système nouveau, de penser le nouveau monde.
La critique de l’écart grandissant entre les pauvres et les riches, la priorité donnée à la construction de la paix, la priorisation de l’éducation, la revendication de l’égalité, tout cet argumentaire a une valeur propre. Mais tous ces arguments flottent les uns au côté des autres, sans vraie congluence ( Jonathan n’était pas sûr du mot, mais il était sûr de la chose). Sans que les hommes, les femmes à qui ils étaient destinés n’aperçoivent la forme de la société ainsi dessinée, sans qu’ils ne perçoivent une réponse globale au besoin de construire leur vie dans un monde en changement radical.

La Gauche, se dit ainsi Jonathan, au petit matin, ne convaincra tout le monde que lorsqu’elle aura pensé ce nouveau monde.

Et il se rendormit.

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