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Quand la France s’éveillera

C’est à se demander si tous les brillants commentateurs ou experts n’auraient pas une légère tendance à enterrer un peu trop vite une France apparaissant maintenant comme reléguée en seconde division. Une France bloquée, comme l’a désignée le sociologue Michel Crozier. Bloquée sous toutes ses coutures de vieux pays,  socialement, économiquement, politiquement.
Car, ça bouge, constatait Jonathan. Non seulement la France bouge encore, mais elle bouge de nouveau.
Bien entendu, comme dans pratiquement tous les pays occidentaux, sous les coups de boutoir de l’effondrement du socialisme à la mode stalinienne, de la compétition économique, de la modernisation, le capitalisme s’est imposé en France. Libéral revendiqué, ou social-démocrate plus ou moins avoué, mais le capitalisme. Le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres, pour emprunter à Churchill. Et bien entendu, comme dans les autres pays occidentaux, la réussite du modèle capitaliste se paie en alternance de crises et de rebonds, en gâchis social, en pauvres de plus en plus pauvres et riches de plus en plus riches, en chômeurs de plus en plus chômeurs.
Mais, justement. A la ‘’rentabilité’’, au ‘’coût du travail’’, à la ‘’charge sociale’’, viennent s’opposer là-bas, dans la vieille France, d’autres manières d’imaginer  le rapport des hommes à l’éducation, au travail, à la création. Ici une association se crée, réunissant un spectre large de compétences et d’expériences. Des SCOP et des SCIC –  ah ! ce don des Français pour les sigles obscurs quand on pourrait dire, Sociétés coopératives et participatives, ou Sociétés coopératives d’intérêt collectif – en quelques années ont essaimé dans à peu près tous les secteurs, sous forme de petites ou grandes entreprises.
Et puis une nouvelle génération d’entrepreneurs essaime elle aussi, sous forme de start up, dans la High-Tech mais pas seulement. Le taux de pénétration d’internet dans les foyers français est dans les plus hauts d’Europe.
Avec, au bout de ces nouveaux éléments, l’ambition d’aboutir à un nouveau capitalisme, non pas tel qu’il est mais tel qu’il devrait être.

Et puis, encore. Jonathan avait découvert un titre d’article décoiffant. ‘’Vivement ‘’l’ubérisation’’ de la vie politique française’ !’’. L’arrivée d’un nouvel acteur, moderne, oblige le secteur bloqué des taxis des grandes villes françaises comme européennes, à se régénérer, à inventer, développer l’approche service. Et de même, semble –il, la nécessité de régénérer le personnel politique en France fait grandir la nécessité d’amener la société civile en première ligne. Aux niveaux local et régional, et pourquoi pas, au niveau national, des entrepreneurs, des experts, des artisans et des industriels veulent participer au jeu politique. Pour amener ce jeu plus près du terrain, des enjeux concrets de la société, actuels et futurs.

Quand ce réveil français sonnera, sonnera vraiment, alors, se disait Jonathan, peut-être la situation pourrait-elle se renverser. Peut-être l’univers économico-politique pourrait-il trouver dans le sursaut de la France, une stimulation pour gommer les défauts du modèle capitaliste supposé triomphant. Pour remuer et remplacer un monde politique ubuesque, qui n’a rien à envier sur le plan dynamique à la France bloquée décrite par Michel Crozier.

J’aimerai bien voir ça, souriait intérieurement Jonathan. Pour la France, pour Israël, et puis, un peu, pour moi.

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