Tsunami
Renifleur de sites web, auditeur de conférences, zappeur d’émissions, journaux et reportages de chaines télévisées, lecteur de journaux, de magazines, écouteur de radios, participant aux multiples discussions et débats amicaux, Jonathan voyait bien se succéder les vagues du changement.
La transformation digitale, d’abord. Pas nouveaux, se disait-il. Sauf que cette vague digitale ne se contente plus de s’étaler et d’envahir tous les secteurs d’activité. Elle s’accélère. Il se souvenait de cette règle historiquement constatée, du doublement de la capacité de traitement des ordinateurs tous les dix ans. Mais, lisa t-il, maintenant la quantité de problèmes résolus double tous les sept ans. Ce qui touche les trois milliards d’individus connectés à internet et les deux milliards qui utilisent des smartphones. Mais, bien entendu leurs congénères, encore à équiper, tout autant. Vague digitale amplifiée par l’envahissement de ‘’l’intelligence artificielle’’. Additionnée du phénomène ‘’big data’’. On sait tout sur tout, et on retrouve tout dans tout. Et tout se transforme. Les métiers, les acteurs, les utilisateurs d’un nouveau monde.
Vague de l’innovation biologique, aussi. La ‘’nanotecno’’, comme le lui avait écrit en langue SMS un ado branché techno, un tantinet provoc, colonise pour sa part le monde de la recherche, du médical, pousse sa révolution dans tous les domaines scientifiques et techniques. Du transport ciblé du médicament à la cellule maligne, à la composition de nouveaux matériaux, des registres entiers de processus se trouvent réinventés, supprimant d’anciennes et créant de nouvelles filières.
Le tout porté par le phénomène d’irrigation mondiale qui réunit les continents, les générations, les modes de vie. Nul n’y échappe. Surtout pas les Israéliens, que se représentait bien Jonathan, comme les ‘’savantutiers’’ tels que décrits par le biologiste Français, François Taddéï. Un phénomène que la morale, aussi bien que l’efficacité devrait exploiter l’Etat, comme une opportunité de développement des minorités et de lissage des inégalités.
En fait, se disait-il, un tsunami. Un Gutenberg puissance 10 ou 100. Qui touche d’abord la génération Y. Qui l’oblige, en Israël comme ailleurs, à assurer la transition entre le monde des métiers bien définis, du contrat de travail, des secteurs d’activité, de la connaissance acquise, des us et coutumes, de l’ancrage familial, des joies de la lecture, et son monde à elle, du rebondissement de métier à métier, de travail à la carte, de l’interpénétration des secteurs d’activité, de la formation permanente, de la rencontre des traditions, du règne de l’image et de la lecture numérisée, de la famille étendue…..
Il avait le sentiment qu’Israël, pays neuf, jeune, innovateur, entrepreneur, surfait déjà sur la crête de ce tsunami, installant les ‘’Y’’ dans une position plutôt favorable. Alors que des pays anciens, non pas noyés mais débordés par son ampleur, en étaient encore à se mettre en ordre de bataille, plaçant leurs propres ‘’Y’’ en situation d’hypothèque.
Il se demandait quand même si cette génération ‘’Y’’ israélienne, saurait encore trouver dans ses racines très anciennes comme dans les fondements de la création de l’Etat, les principes intemporels qui assureront la stabilité humaine nécessaire dans un monde de mouvement perpétuel.
Israël, le peuple qui marche sur un tsunami ? se demanda-t-il.